Former au covering : une solution pour les recruteurs comme pour les salariés
Nadia Boulard : Armand LOSPIED, vous intervenez dans la structuration de plusieurs filières métiers du detailing. Vous menez aujourd’hui un travail de fond sur la formation au covering. Pourquoi ce sujet est-il devenu prioritaire ?
Armand LOSPIED : Parce que le covering s’est imposé comme un service incontournable dans les ateliers de préparation esthétique automobile, sans que les compétences nécessaires ne soient réellement formalisées.
Aujourd’hui, les employeurs peinent à recruter des poseurs opérationnels. Les candidats sont souvent passionnés, mais peu outillés techniquement. Côté clients, la montée en exigence est forte : il faut des prestations durables, précises, conformes aux fiches techniques des fabricants.
Former efficacement, c’est donc sécuriser les prestations, mais aussi stabiliser les équipes. Quand les méthodes sont claires et maîtrisées, la qualité suit – et la fidélisation aussi.
Un besoin partagé : employeurs en tension, candidats en demande de cadre
Nadia Boulard : Quels types d’entreprises sont concernés ?
Armand LOSPIED : Principalement :
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Les centres de detailing, qui veulent élargir leur offre avec du covering complet ou partiel,
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Les carrossiers, qui ajoutent ce service pour répondre aux attentes post-sinistre ou esthétiques,
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Les loueurs, flottes et préparateurs VO, qui recherchent des solutions d’habillage temporaire, marketing ou protecteur.
Ces employeurs nous disent : "On recrute, mais on doit tout reprendre en interne." Or, le temps de formation en atelier est limité. D’où l’intérêt d’avoir un dispositif court, intensif, professionnalisant, qui garantit un socle de compétences techniques immédiatement mobilisables.
Côté salarié : une compétence différenciante, activable immédiatement
Nadia Boulard : Et pour les salariés ou demandeurs d’emploi, quelle est la valeur ajoutée de cette compétence ?
Armand LOSPIED : Elle est double. D’un côté, c’est une spécialité rare, donc très recherchée. De l’autre, elle est immédiatement monétisable pour un salarié ou un indépendant.
La maîtrise du covering permet :
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D’être embauché sur des postes techniques qualifiés,
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De gagner en autonomie dans un atelier,
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Ou de créer son activité, avec un positionnement premium.
Mais encore faut-il pouvoir prouver ses compétences, et là, il manque un cadre. C’est pourquoi nous travaillons, avec SP FORMATION, à l’élaboration d’un référentiel métier, conçu à partir de situations réelles.
Un référentiel basé sur les attentes du terrain
Nadia Boulard : Concrètement, que contient ce référentiel ?
Armand LOSPIED : Il est en cours de structuration, à partir d’un travail de co-construction avec des formateurs, poseurs, chefs d’atelier et recruteurs.
Il identifie 9 blocs de compétences clés :
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Préparation du poste de travail (température, hygiène, sécurité),
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Nettoyage et décontamination du véhicule,
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Découpe précise des films covering,
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Pose plane sans bulles ni tension,
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Pose sur zones complexes (pare-chocs, poignées, courbes),
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Post-chauffe contrôlée selon les normes fabricants (90–110°C),
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Inspection finale qualité,
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Correction des défauts éventuels,
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Conseil client sur entretien et durée de vie.
L’objectif est que chaque apprenant, salarié ou demandeur d’emploi, ressorte autonome, rigoureux, prêt à intégrer ou créer un service de pose professionnelle.
Une opportunité pour structurer les recrutements dans un secteur en croissance
Nadia Boulard : Ce travail vise-t-il une reconnaissance officielle à terme ?
Armand LOSPIED : Oui. À terme, ce référentiel servira de base à une certification professionnelle RS. Cela permettra aux employeurs de recruter plus facilement des profils déjà évalués, et aux salariés d’accéder à des financements CPF ou OPCO.
C’est une réponse pragmatique à un double enjeu : emploi d’un côté, qualité client de l’autre. Et nous faisons ce travail avec les professionnels, pour que cette future offre de formation soit crédible, utile et immédiatement applicable.